Daniel Caux, grand passeur de musique, est décédé samedi 12 juillet. Enseignant, journaliste (Jazz Hot, Le Monde, Le Nouvel Obs, combat) et musicologue, figure de Radio-France, il fût l’un des premiers à inviter, à défendre et à faire connaître chez nous les grands noms de la musique minimaliste et répétitive (Steve Reich, Terry Riley, La Monte Young) et du jazz le plus free et visionnaire (Sun Ra, Cecil Taylor, Albert Ayler). Quelques années plus tard, c’est à l’occasion de la parution du livre « Global Tekno » que j’avais fait sa connaissance. La soixantaine bien passée, il s’était alors enthousiasmé pour le mouvement techno naissant, analysant l’émergence de l’électronique et ses liens parfois méconnus avec le jazz et la musique répétitive. Il était depuis devenu un ami proche, et un ami pour des personnalités comme Laurent Garnier ou Plastikman, avec qui il avait notamment travaillé à l’occasion d’une installation sonore présentée lors de l’exposition « La Beauté » en Avignon. Et un ami pour une grande partie de la scène techno française. Son enthousiasme, même se sachant condamné par le cancer, et son rôle de passeur (plus que de simple journaliste), a pour nous toujours fait figure de modèle.
Ma dernière rencontre avec Daniel remonte à quelques mois, lors d’un concert magnifique de Steve Reich à la Cité de la Musique, où le compositeur américain nous avait donné l’occasion d’apprécier, sur scène, sa pièce historique, « Music for 18 musicians ». Il en était ressorti les yeux rouges d’émotion, comme au premier jour.
Nos pensées vont à sa femme, Jacqueline Caux, autre figure de passeur, et réalisatrice du fameux documentaire dédié à la scène de Detroit, « The Cycles of The Mental Machine ».
Jean-Yves Leloup
Daniel Caux : disparition d'un passeur
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