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Tsugi - La Musique libre

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La musique dans tous ses etats


Le cabinet des curiosités : Ken Nordine par Michel Gaubert

Publié par Tsugi sur 10 Juillet 2008, 18:28pm

Tous les mois, Michel Gaubert, ancien DJ du Palace, coresponsable (avec Marie Brannelec) des compilations Colette et des bandes son des plus grands défilés de mode, fait découvrir un musicien excentrique injustement méconnu dont sa discothèque a le secret.

Ken Nordine, c’est avant tout une voix, grave, riche et profonde, une voix de baryton qui semble sortir des entrailles du monde, brûlante et minérale. Cette voix théâtrale, nous avons tous vécu avec, sans savoir à qui elle appartenait. Dans les années 50 et 60, en Amérique,

Ken Nordine, né en 1920 à Chicago, a mis cet incroyable organe au service d’innombrables émissions de radio, télé et surtout de spots de publicité. Au point qu’elle est devenue l’incarnation quasi officielle de la voix masculine américaine, que d’innombrables imitateurs tentent encore aujourd’hui de reproduire, notamment pour illustrer des bandes-annonces de films.

Mais, en marge de son travail au service de la publicité, Ken Nordine est aussi un poète beatnik, compagnon du Grateful Dead et précurseur, à sa manière, du spoken word et du slam actuels. Dans sa série de disques Word Jazz, il récite des textes fantasmagoriques de sa création sur un matelas de jazz atmosphérique, aussi planant qu’énigmatique. Mais c’est avec l’album Colours, enregistré en 1966 (et réédité en 1995, en pleine vague easy listening, par le label Asphodel de San Francisco), que Ken Nordine est entré en bonne place dans mon panthéon des musiciens bizarres.

Un disque entier consacré aux couleurs, primaires (le jaune, le rouge, le bleu) mais aussi bien d’autres plus inattendues telles que lavande, pourpre ou magenta. Trente-quatre au total, chacune racontée en quatre-vingt-dix secondes incongrues. Comme souvent avec Nordine, il y a une commande publicitaire à l’origine du projet. Payé par une marque de peinture américaine pour vanter les mérites de différents produits, il laisse son imagination dériver au point que de nombreux auditeurs demandent la rediffusion de ces drôles de réclames, alors que la campagne ne devait avoir qu’une durée de vie éphémère. Avec l’aide de Dick Campbell qui lui écrit les musiques jazzy suaves et décalées, sur lesquelles il pose sa voix caverneuse, il compose des odes tendres et ironiques racontant la naissance de chaque couleur et leurs caractères imaginaires respectifs. Ainsi, le vert, couleur de l’argent en Amérique, “peut être un sérieux problème”, souvent cupide et stupide, bien qu’il existe aussi “un vert intègre, un vert pour vous et moi, avec lequel nous aimerions être vus plus souvent”.

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